samedi 20 octobre 2012

Le Patient anglais


Une histoire belle à se damner

Ah, je suis parfois fleur bleue. Cela arrive notamment lorsque je me retrouve debout devant ma vidéothèque de DVDs. Je vous épargnerai en décidant de ne pas vous dévoiler trop rapidement les titres des films que j'ai sélectionnés... un à la fois, c'est tellement mieux (ou c'est moins pire)! Cette fois-ci, ce sera “Le Patient Anglais” d'Anthony Minghella.
Cette adaptation cinématographique de 1997 du roman 'L'homme flambé' de Michael Ondaatje a pour rôle titre Ralph Fiennes (celui même qui nous fait faire la grimace dans Harry Potter parce qu'il a des entailles à la place du nez, le fameux Lord Voldemort). Ce film atteint le summum du classique. C'est un film complexe. Les thèmes abordés sont multiples, et on aurait beaucoup à dire si on décidait (je ne sais si cela a déjà été fait) d'en faire une étude poussée.
Un aristocrate hongrois explorant le désert du Sahara, membre d'un club de géographie britannique, se retrouve coincé entre une passion inassumée pour l'épouse d'un collègue et la Seconde Guerre mondiale. Au moment où cette passion commence à percer, et à être connue de tous, les choix qu'il fera seront lourds de conséquences pour son entourage et pour lui-même. Il choisira l'amour par dessus tout. L'amour dévorant pour tenter d'atteindre une fois encore le bonheur fugace d'une relation passionnelle. L'amour égoïste, à savoir le fait que l'amour du couple (en l'occurrence adultère) prévaut sur le reste du monde, et tant pis pour les dommages collatéraux. Par amour pour cette femme et par un malheureux concours de circonstances, cet homme trahira ses amis, ses collègues, et parce qu'on se mettra sur sa route, il sera aussi contraint de tuer! Ce film montre que l'amour justifie tous les moyens, même les plus abjects. Le personnage principal n'a pas l'étoffe d'un héros. Et pourtant...
C'est aussi un film sur (encore un lieu commun) la stupidité de la guerre, l'aspiration au bonheur et l'égoïsme, les apparences qu'on se doit de conserver pour le bien de la société, mais qui nous étouffent parfois. Les personnages sont réalistes, imparfaits et donc attachants.
Dans la période troublée où nous vivons, où les partis politiques extrémistes séduisent, et où le patriotisme revient (malheureusement) à la mode, je réalise que non, j'en suis désolée, mais je refuserai de mourir pour mon pays. Je n'aurai certainement pas le courage de certains résistants. J'aurai plus vraisemblablement l'instinct de survie purement animal. L'envie de sauver ceux qui me sont chers (à savoir les membres de ma famille que j'aime et mon amant) prévaudra sur la sauvegarde de mon pays.
Alors oui, j'admets que c'est certainement mon éducation qui veut cela. Je ne suis pas volontaire pour me battre pour mon pays. Je veux bien me faire son ambassadrice quand il s'agit de partager la culture et la langue que j'adore, mais non, je ne verserai pas mon sang, je ne sacrifierai pas ma vie pour ma patrie.

On découvre l'histoire en pointillés. Elle est dévoilée par intermittence avec une histoire secondaire (moins époustouflante à mes yeux), celle d'une infirmière persuadée de porter la poisse à tous ceux qu'elle aime. Elle croisera le chemin du “fantôme” du comte hongrois et montrera, par opposition à la folie de son 'patient anglais' que l'humanité est une qualité individuelle, facile à développer quand on n'a personne de particulier dans son coeur.
En arrivant au générique de fin de ce film, que je visionne régulièrement, je me dis toujours les mêmes choses: à savoir que c'est lorsque l'Histoire empêche la vie de tourner rond que le caractère profond des individus se dévoile. Ca me rappelle 'au Bon Beurre' de Jean Dutourd, mais aussi 'Né en 17 à Leidenstadt' de Jean-Jacques Goldman.