jeudi 12 juillet 2012

“Le Cahier de Solfège” de Bénabar ou la concordance des temps détournée


Et oui, j'enseigne la langue française en Angleterre. Je suis toujours à l'affût de petites pépites qui donneront envie à mes apprenants d'en savoir plus. Comme je suis expatriée, je perds un peu de vue ce qui est à la mode, et pas seulement vestimentaire. Les chansons en français, le 7ème art, et la langue évoluent. Moi, je reste bloquée quelques années en arrière...
Ces dernières semaines, j'ai donné des cours à une passionnée de conjugaison. Elle voulait réviser le futur, les temps du passé, tout comprendre, tout reconnaître. Elle a bien du courage!
Il est vrai qu'entre le verbe aller au futur simple, le verbe avoir au passé composé, le verbe faire au futur simple, il y a de quoi en perdre son latin français! Étant natif, on oublie souvent combien la langue française est belle, mais difficile à apprendre. La conjugaison est un exemple flagrant de la complexité de notre langue.
Avant mon départ, je connaissais Bénabar. Son humour est touchant, ses paroles m'émeuvent ou me font sourire.
Et il a cette chanson: “le cahier de solfège”, qui est un véritable O.V.N.I. À la première écoute, on se dit qu'il a fumé... les temps des verbes n'ont aucun sens avec les règles de concordance de temps. Et puis, au fur et à mesure, on comprend. On comprend que les souvenirs ne se vivent pas forcément au passé. Que certains sont tellement vifs dans notre mémoire qu'on les vit au présent. Il nous fait partager ses premiers flash-backs, sur une musique dont le tempo rappelle celui d'un métronome. 
Les souhaits qu'on avait étant enfant sont logiquement au futur. Les sauts dans le temps se vivent au futur, même lorsque le second souvenir est toujours dans notre passé. Bref, tous les temps des verbes se mêlent et s'emmêlent. Mais en fin de compte, cette chanson se comprend quand on ouvre un peu son coeur. Je vous invite à découvrir cette chanson, ou à la redécouvrir, sur l'album de Bénabar "Reprise des Négociations".  
Cet article s'achève par cette sage citation de Victor Hugo: 

« L'un des privilèges de la vieillesse, c'est d'avoir, outre son âge, tous les âges. »

 
 

"Les Rois Maudits" de Maurice Druon


Alors, voilà.
Ça commence par des soirées passées loin de l'ordinateur (ma petite drogue). Au lit, je lis “Les Rois Maudits”.
Ça faisait tellement longtemps que la lecture d'un livre ne m'avait scotchée aux pages d'un ouvrage! Mon inconscient me dictant, malgré l'heure qui tourne et le réveil réglé à 7h02 (y'a pas de petites économies de sommeil ma bonne dame!), de continuer la lecture, coûte que coûte, pour que se dévoilent, au fur et à mesure, des intrigues en cachant d'autres. L'engrenage du suspense y fonctionne à merveille. Et on y apprend des détails de l'Histoire de France des Capétiens et des Valois. Certains épisodes semblent vraiment invraisemblables, tout droit sortis de l'imagination d'un auteur tordu, et pourtant, les courtes biographies et notes historiques à la fin de chacun des tomes indiquent qu'ils s'agit bien de la réalité... même si elle est romancée.
De cette saga, mes souvenirs d'enfance sont des couvertures de livres dont les illustrations me repoussaient (ben oui, rien à voir avec les merveilleux dessins de Marcel Marlier par exemple) par leur austérité. Il y avait aussi l'adaptation télévisée, un peu vieillotte à mes yeux, qui était diffusée au moment où on me demandait d'aller me coucher. Il faut dire que les aventures des filles de Mahaut à la Tour de Nesle ne sont pas faites pour les enfants! Je me rappelle cependant de l'éclat brillant des yeux de Robert d'Artois (joué par Jean Piat), de ses habits et de ses bottes rouges vifs. Et du visage d'Isabelle lors de la première scène, particulièrement froid, à l'image de son personnage, résolu à mener une vie de reine, et point une vie de femme épanouie!
J'arrive donc quasiment au terme de cette série de 7 ouvrages (il me reste le dernier tome à lire). J'ai presque de l'appréhension à arriver à la fin!
Source de l'image: Jean Piat dans le rôle de Robert d'Artois dans l'adaptation télévisée de 1972