vendredi 24 août 2012

Des difficultés et plaisirs d'être expatrié(e)


"D'où je suis?"

Alors quand je rentre en France, on me surnomme d'un taquin 'la petite Anglaise', tandis qu'en Angleterre je suis toujours la Frenchie. Oui, ça fait exotique.
Rien que dans les toilettes de l'aéroport français (je sais, on fait plus poétique comme exemple), je suis de nouveau toute ouïe: les gens parlent dans ma langue, celle qui m'est naturelle, et pourtant c'est cela même qui me choque. J'ai perdu l'habitude. Car chez moi, ce n'est plus la France. Je parle français à la maison, mais pas avec tout le monde. Ma langue française devient un code qui n'est presque partagé que par ceux qui vivent auprès de moi, dans mon foyer. Ça peut être considéré comme un code que seuls mes proches connaissent. Évidemment, quand tout le monde la parle partout, ma langue à moi, y compris de parfaits inconnus, ça me rend toute bizarre.
Et j'ai perdu l'habitude des conversations en grand nombre. Avec mes retours en France, cette langue habituellement intime et secrète est connue de tous! Il faut faire plus attention à ce que l'on dit.
En France, ma langue fourche, je balbutie, je me retrouve à parler trop rapidement et à sauter des syllabes (la dernière expression remarquable étant: 'j'ai b'zin d'place'). Mais une fois de retour chez moi, ce qui est d'habitude routinier est de nouveau exotique quelques instants, je réalise que j'ai beaucoup de chance d'être bilingue, et que la ville que j'ai choisie (ou qui m'a choisie, tout est question de point de vue) a tout pour me plaire.

Je me demande parfois ce que cela fait de revenir vivre en France définitivement. Et si j'entends de nombreux témoignages, tous s'accordent dans leur conclusion. Revenir vivre en France est très difficile. Rien que sur le marché du travail. On pourrait croire que l'adaptation dévéloppée suite à une expatriation réussie serait un bonus pour les aventuriers qui rentrent au bercail. Mais il semble que c'est le contraire qui se produit. Parce qu'on a vécu à l'étranger, les recruteurs croient qu'on a perdu contact avec notre pays, ce qui se fait et ce qui ne se fait plus. Je schématise, mais parce qu'on ne sait plus quels sont les stars de l'année, les émissions phares débilisantes à la télévision, ou encore qu'on a oublié de suivre le dernier scandale politico-financier, on est complètement démodé et dépassé. 
Et puis par rapport aux amis. On les a parfois négligés (la distance n'aide pas), et on se retrouve en voisins, avec certains qu'on connaissait individuellement et qu'on ne peut plus voir qu'accompagnés de leur famille, parce que leur vie à eux aussi a bien changé. 
Bref, je suis expatriée. 
 Il me faudrait sans nul doute concentrer mes pensées non pas sur mes origines, mais bien sur mes objectifs et mes actions. Donc pour finir, je laisse la parole aux sages  philosophes et  aux jazzmen (les deux ne sont pas incompatibles!)

"To be is to do" Socrates

"To do is to be" Sartre

"Oobdidi boo do..." Roy Eldridge 

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